Crash du dirigeable Zeppelin LZ129
En regardant cette photo, tu t’aperçois immédiatement qu’il s’agit d’une catastrophe aérienne. C’est le crash du Zeppelin LZ129 Hindenburg. Le ballon dirigeable transportait des passagers, c’était un moyen de transport très en vogue dans les années 1930.
Cette image témoigne de l’importance du métier de journaliste reporter en partageant une réalité visuelle qu’il est impossible d’imaginer.
Quelques mots sur le métier du photographe reporter
Un journaliste a pour mission d’avertir l’opinion publique sur l’actualité. Il joue un rôle très important : il diffuse en permanence des informations aux personnes par le biais de la radio, du journal télévisé ou de la presse.
Le photographe reporter est un spécialiste. Il se déplace parfois dans l’urgence pour couvrir des évènements. En France, son travail s’exerce dans le respect de la liberté de la presse et d’expression.
Ce métier évolue constamment avec le temps et les nouvelles technologies, il s’adapte également aux goûts de l’opinion.
Aujourd’hui, tu vas observer ce cliché. Il représente le crash historique du Zeppelin LZ129 Hindenburg médiatisé dans le monde entier en mai 1937.
Sur l’image, l’aérostat s’embrase après avoir heurté un pylône de l’aéroport d’atterrissage, le Naval Air Station de Lakehurst dans l’État du New Jersey aux États-Unis.
Cette photo a été publiée dans le New York Times en mai 1937.
Nous allons effectuer son décryptage avec toi.
Qui est le photographe ?
Le reporter est Sam Shere (1905-1982). Il est américain et âgé de 33 ans au moment où il prenait cette photo. C’est un jeune photojournaliste en début de carrière et il travaille pour l’agence International News Photo. Cette photo culte l’a rendu célèbre. Il a d’ailleurs été récompensé pour ce cliché légendaire.
Le jour-là, sa mission était de réaliser un photoreportage sur l’arrivée du célèbre ballon dirigeable Hindenburg qui revenait d’une traversée transatlantique. L’aéronef en était à son onzième voyage entre l’Europe et les États-Unis. Il était à son apogée de renommée étant une véritable prouesse technique, une merveille de l’innovation aéronautique allemande.
Une centaine de journalistes étaient présents. Ils étaient autorisés à se tenir près des hangars de la piste d’atterrissage pour une meilleure visibilité. Sam Shere s’était avancé jusqu’au mât d’amarrage où devait se poser le Hindenburg. Il était équipé d’un appareil Speed Graphic. Il observait l’arrivée de l’aéronef et les techniciens en train de préparer les procédures d’atterrissage sur l’aérodrome.
Comment la photo a-t-elle été prise ?
Contre toute attente, Sam Shere s’est aperçu avec d’autres personnes que le dirigeable était anormalement penché au niveau de la poupe. Les spectateurs ont alors suspecté une fuite d’hydrogène à l’arrière du Zeppelin LZ19 Hindenburg. C’était la panique ! L’hydrogène était un gaz connu pour être hautement inflammable.
Soudain, une explosion a eu lieu dans le ciel et le Zeppelin allemand a pris feu. Les sacs à hydrogène ont explosé les uns après les autres enflammant l’aéronef dans les airs.
Dans un grand vacarme, le ballon dirigeable s’est heurté à un pylône sous le regard des photographes et des techniciens impuissants face à la rapidité du crash.
Sam Shere était horrifié. Il a eu le réflexe d’appuyer sur le bouton déclencheur du Speed Graphic. Il restait deux photos sur la pellicule. Sachant qu’il allait manquer de temps s’il devait cadrer la scène, il a juste appuyé sur le bouton de l’appareil qu’il portait à la taille maintenu par la lanière autour du cou.
Il dira d’ailleurs dans un commentaire : « J’ai pris deux clichés dans mon grand Speed Graphic [son appareil photo], mais je n’ai même pas eu le temps de le mettre à la hauteur de mes yeux. J’ai littéralement « tiré » de la hanche – c’était fini, alors vite il n’y avait rien d’autre à faire. »
Le lendemain, il a rapporté la pellicule à son agence. Cette photo a fait la une du New York Times peu après.
Quelle est l’histoire du Zeppelin LZ129 Hindenburg ?
Les années 1930 ont vu l’avènement du ballon dirigeable qui était une innovation aérienne inspirée de la montgolfière française. La Grande-Bretagne et l’Allemagne se sont distinguées dans le domaine en mettant au point des aéronefs capables de transporter des voyageurs dans les airs sur de nombreux kilomètres traversant les océans.
Avec le Zeppelin LZ129 Hindenburg, l’Allemagne nazie conduite à sa tête par Adolf Hitler cherchait à asseoir sa puissance aux yeux des autres pays et elle était très satisfaite de ce Zeppelin conquérant à la pointe des dernières technologies de l’aviation en matière de puissance, taille, capacité et sécurité.
L’engin aérien mesurait 245 mètres de long et 41,20 mètres de diamètre. Il était propulsé par quatre moteurs Diesel avec une vitesse pouvant atteindre 130 km/h. Il était capable de traverser l’Atlantique en 3 jours, ce qui était rapide à l’époque.
L’Allemagne nazie comptait beaucoup sur la gloire du Zeppelin Hindenburg. Elle avait l’intention de l’exposer aux Jeux Olympiques de Berlin prévus en août 1936. Le symbole de la croix gammée nazie était visible sur l’aide de queue de l’engin aérien avec les anneaux olympiques.
Le Zeppelin LZ129 Hindenburg était immense et très luxueux. Les passagers étaient issus d’une clientèle haut de gamme sensible au grand confort. Dans ce but, il était équipé de cabines individuelles pour la nuit, d’une salle de dîner, d’une salle de lecture, d’un fumoir où des musiciens jouaient au piano.
Quel est l’impact de ce crash dans le monde ?
Malgré toutes les promesses avancées par les constructeurs, le Zeppelin LZ129 Hindenburg ne s’est pas montré infaillible. Il fallait se rendre à l’évidence que la sécurité était un point difficile à contrôler à cause de l’hydrogène.
Il faut rappeler que de nombreuses personnes sont décédées dans ce tragique accident. Ce jour-là, l’aéronef transportait 97 personnes à son bord (61 membres d’équipage et 36 passagers). Et le crash a causé la mort de 35 personnes (22 membres, 13 passagers, 1 mécanicien au sol).
Ce tragique accident a ravivé le souvenir du crash du dirigeable britannique, le R101, qui s’est écrasé près de Beauvais (France) faisant 58 morts à cause d’un problème lié à l’hydrogène le 5 octobre 1930. À l’époque, tout avait été entrepris par les constructeurs pour sécuriser les ballons dirigeables pour que de tels accidents n’arrivent plus.
La photo de Sam Shere est apparue comme une vision apocalyptique effroyable. Ce nouvel accident d’aéronef a largement choqué l’opinion publique, il a brisé irrémédiablement la confiance des voyageurs pour ce moyen de transport aérien.
Le crash du Zeppelin LZ129 Hindenburg a marqué la fin du ballon dirigeable. Peu à peu, les avions et les hydravions se sont développés pour assurer les liaisons transocéaniques.
L’analyse de la photo dans son contexte
Comme tu vois, la photo est chargée d’éléments tragiques. Son cadrage communique des informations révélatrices de la tragédie humaine qui se joue :
- le ballon dirigeable est en chute libre ;
- des explosions spectaculaires ont lieu dans le ciel ;
- les spectateurs sont subjugués sur place ;
- le pylône brisé ajoute de la force au drame ;
- les volutes de gaz au sol renforcent le sentiment de désolation ;
- le sol dénudé donne une sensation de désert ;
- l’écart de taille entre le Hindenburg et les véhicules ;
- l’impuissance des hommes face à la machine.
Les détails de l’environnement ajoutent une mesure supplémentaire de tragédie à cette catastrophe.
Pour aller plus loin… (pour approfondir tes connaissances…)
Tu peux te renseigner sur le métier de reporter, t’informer sur Sam Shere ou partir à la découverte de l’histoire du ballon dirigeable. Tu peux aussi :
- Rechercher des témoignages de passagers survivants ;
- Regarder des livres de photos de ce crash ;
- Trouver d’autres reporters qui ont couvert l’événement ;
- Découvrir l’histoire du Zeppelin LZ129 Hindenburg ;
- Te renseigner sur l’avènement du nazisme.
Tu peux également en parler à ton professeur, proposer l’étude de cet événement historique ou réaliser un exposé seul ou en groupe.